Difficile de quitter Madère et ses forêts d’eucalyptus, mais au bout d’une semaine nous avons bien envie de reprendre la route.
La météo annonce 20 noeuds de vent au début , mollissant ensuite et une route directe . On décide donc de partir samedi en milieu d’après midi , on prend prudemment 2 ris dans la Grand voile et on avance gentiment en moyenne à 8 noeuds avec des pointes à 12 13 noeuds .
On s’éloigne de Madère dont les sommets sont couverts de nuages mais au coucher de soleil l’éclairage devient fabuleux et on se dit le bonheur d’être là en se moment précis . Un petit texto aux enfants avec qui on aimerait partager ces instants magiques . La route nous fait longer las islas deshertas qui portent bien leur nom . La nuit tombe sur ces falaises lugubres qui défilent heureusement assez vite sous notre vent . Pas envie de traîner.
La mer est un peu chaotique avec une houle croisée , le bateau tape un peu et on se dit qu’on a bien fait de réduire la toile pour pas trop fatiguer notre pirogue . Nous reprenons notre rythme de quart toutes les six heures . À deux c’est le système qui nous permet de bien récupérer avec des tranches de sommeil suffisamment longues .
Au début de la nuit je détecte un bateau qui fait la même route que nous , un peu moins vite c’est un monocoque de 11 m nommé Salmon. Toute la journée du dimanche le vent au lieu de mollir, se maintient et nous avons bien avancé sur notre route de 288 milles nautique à parcourir entre madère et l’île de Graciosa aux Canaries .
On est trop juste pour arriver le soir même, mais à cette allure on va arriver de nuit au mouillage de la Playa francesca et on a pas envie de rejouer la scène de l’abordage dans le rôle du naufrageur cette fois . Après concertation on décide de rester un peu au nord de notre route directe de prendre quelques tours dans le solent pour ralentir un peu le bateau. On finira sous foc seul pour nous présenter au petit matin en approche de La Graciosa en laissant sur notre gauche el Roque del Este qui a l’amusante particularité de ne pas être éclairé la nuit.
Le spectacle est saisissant, le paysage est lunaire, désertique. Quelques reliefs volcaniques se teintent d’ocre au lever du soleil . Quel contraste avec la verdoyante Madère à moins de 300 milles de là. Sur notre gauche on est impressionné par les falaises de l’extrémité nord de Lanzarote: la punta del palo culmine à 608 m et tombe à pic dans la mer . Pas très accueillant mais que c’est beau! .
On devine bientôt le petit village de caleta del sebo sur Graciosa avec ses petites maisons blanches carrées auprès desquels se blottissent quelques palmiers . On file doucement vers notre mouillage de la Playa Francesca et on dort .
En fin d’après midi on se décide à débarquer en annexe sur la plage . Il y a du ressac et un charmant jeune homme vient nous aider à ne pas nous mettre en travers et à remonter le zodiac sur la plage . Il nous avait repéré depuis le départ de madère . C’est le skipper de Salmon . Ils sont arrivés cet après midi . Ils naviguent avec deux petits enfants depuis les îles anglo Normandes . Respect . Il entreprend de nous raconter sa vie mais en anglais alors je décroche assez rapidement en attendant que Flo traduise . ...