Transat . Petit poisson volant et Mehi mehi

Dans les récits de mon enfance , les navigateurs souvent solitaires racontaient que l’apparition des poissons volants annonçaient l’entrée dans les mers du sud et je crois bien qu’ils les mangeaient lorsqu’ils venaient s’échouer sur le pont .

Depuis quelques jours nous en voyons qui surgissent de la surface de la mer , virevoltent parfois sur plusieurs dizaines de mètres et replongent après une trajectoire totalement imprévisible. Certains s’échouent sur le pont .

Nous en avons déjà rejeté plusieurs à la mer . Ils ne semblent  pas survivre bien longtemps hors de l’eau . Ce matin j’en vois  un qui s’est échoué à l’avant sur le trampoline . J’entreprends d’aller le remettre à l’eau. Pour cela je mets mon harnais . Au pied de mat j’ai installé une ligne de vie qui me permet de m’attacher avec juste assez de longueur pour aller à l’avant en cas de besoin sans risquer de tomber .

Je rejette donc ce pauvre poisson à la mer, et j’en profite pour inspecter un peu l’avant du bateau . Et là, je vois la vis qui tient l’enrouleur de foc à moitié dévissée. Pourtant je l’avais bien souquée avant le départ . Sans cette petite vis, impossible d’enrouler le foc sur lui même. Embêtant voire dangereux . Je retourne à l’intérieur chercher ma clé alêne et je reviens la revisser à fond avec un petit point de colle . Les jours suivants je la surveille de près . Elle ne bougera plus .

Avec un peu de recul je me dis que sans ce petit poisson volant je n’aurais pas vu cette foutue vis sur le point de se faire la malle .

Merci petit poisson volant tu as sacrifié ta vie pour nous, c’est trop mignon.

Je vois déjà sourire mes amis rationalistes . Tant pis je veux te nommer providence et c’est promis  jamais de la vie  nous ne mangerons de poisson  volant.