Notre date de transit nous a été confirmée, nous traversons le 8/3.
Beaucoup de bateaux on été retardés car ce sont les vacances , c’est mardi gras et tous les panaméens sont au carnaval!
Le matin du départ, derniers préparatifs: nous protégeons nos panneaux solaires, car dans les écluses, pour prendre nos amarres on va nous lancer des toulines, bien lourdes , qui pourraient les endommager.
A 13 h nous avons ordre de quitter la marina pour aller mouiller dans la baie un peu à l’écart des gros tankers, nous avons embarqué nos quatre handliners.
Ils ont un rôle très important dans les écluses pour manœuvrer les amarres , de leur efficacité dépend le bon déroulement du passage . Ce sont quatre jeunes, heureux de faire ce travail, quoique manifestement un peu fatigués par les festivités du carnaval. Tout commence donc par une bonne sieste en attendant notre pilote ou plutôt notre advisor ( prononcez à l’anglaise ) car les panaméens vivent en espagnol mais travaillent en anglais .
Celui ci arrive comme convenu à 15h30 amené par un bateau de l’administration du canal, qui manœuvre impeccablement. Notre advisor a l’air très sympathique et, à peine arrivé il me demande de mettre les moteurs en route car nous devons nous placer derrière un cargo qui est déjà dans le chenal d’entrée.
Nous nous dirigeons vers les écluses de Gatún et juste avant d’arriver nous nous mettons à couple d’un autre catamaran qui va passer avec nous . Les handliners font parfaitement leur boulot et nous sommes solidement amarrés à notre voisin .
Le Cargo qui nous précède est déjà dans l’écluse et nous devons entrer derrière lui . Tout se passe bien jusqu’au moment où notre voisin de droite a la drôle d’idée de mettre un grand coup de marche avant ce qui a pour effet de nous déporter à gauche et de pointer notre étrave vers le mur de l’écluse. C’est l’alerte de Florence qui me fait réagir, et d’un grand coup de marche arrière moteur tribord on se remet dans l’axe. On a eu chaud . Il va falloir être concentré. Heureusement notre advisor prend parfaitement en main la coordination des deux bateaux. Les amarres sont tendues et la première écluse se remplit en environ huit minutes générant des remous impressionnants, ce qui nécessite de retendre en permanence les amarres sans quoi les bateaux peuvent se trouver projetés sur les parois. Trois écluses se succèdent nous amenant à l’altitude du lac de Gatún environ 27 m.
Puis nous irons prendre une bouée un peu à l’écart du chenal où le va et vient des cargos ne s’arrête jamais . Notre advisor prend le temps de dîner avant de nous quitter. Il ne tarie pas d’éloge sur Eimata Vàa , et je comprends rapidement qu’il apprécie beaucoup plus la cuisine de Flo que les talents du capitaine . Nous passons la nuit, avec nos handliners et le matin vers 9h nous accueillons notre nouvel Advisor . En fait ils sont deux car le plus jeune est en formation.
Nous traversons le lac de Gatún en longeant le chenal bien balisé en essayant de ne pas gêner les cargos qui nous doublent ou nous croisent. Cela prend quelques heures puis nous arrivons à l’écluse de Pedro Miguel et là notre advisor en herbe m’indique que nous allons nous mettre à couple avec deux monocoques , un de chaque côté . Je m’arrête donc dans l’axe du vent . les deux bateaux loupent un peu leur manœuvre . En fait ils vont trop vite .pas rassurant .Mais pas de dégâts on se retrouve amarrés avec un bateau de chaque côté . Il ne reste plus qu’à entrer dans l’écluse avec un vent traversier . Après un peu de flottement dû au fait que notre voisin de droite donne des grands coups de marche avant ou arrière de façon imprévisible nous nous amarrons à l’extrémité du bassin car il faut laisser de la place à un énorme cargo . Sa manœuvre est étonnante de précision . Nous le voyons s’approcher de nous . C’est très impressionnant. Ce sont de vrais pro. L’écluse commence à se vider, c’est plus tranquille car il n’y a pas de remous comme hier. À la sortie nous rejoignons le dernier verrou à miraflores . Et là les portes s’ouvrent sur le pacifique et nous voyons le pont de l’Amérique . Nous sommes émus et heureux . Nous débarquons nos advisors et nos handliners . Voilà c’est fait nous n’avons pas abîmé le bateau . Ça a été un peu chaud, mais c’est toujours mieux que le cap Horn à l’envers