Avec le temps dont nous disposons, les conditions météo du moment , l’instabilité au Venezuela, le risque de piratage, les formalités administratives compliquées ,tous ces éléments nous conduisent à renoncer à nous arrêter aux Roques et aux Aves . Ces îles sont paraît-il magnifiques, mais au cours de notre séjour en Martinique nous avons croisé un couple qui navigue depuis 34 ans dans cette région, et depuis 4 ans ont renoncé à naviguer au Venezuela, pour des raisons de sécurité.
Alors c’est décidé, nous partons direct vers le Panama. 1250 milles nautiques avec l’aide des alizés, ça parait simple , surtout après une transat 3 fois plus longue.
On se dit qu’après avoir traversé l’océan Atlantique, atteints l’arc antillais , les alizés s’épuisent gentiment dans cette mer des Caraïbes .
Mais la réalité est un peu différente .
Les discussions avec notre ami Guy que nous embarquons pour la traversée et qui a une grande expérience , l’analyse des guides de navigation et de la météo de cette région nous font prendre conscience que la réalité est plus compliquée. A cette période de l’année les alizés sont bien établis et soufflent d’est à 20 nd en moyenne . Il faut savoir aussi qu’une dépression s’installe au nord de la Colombie et tourne naturellement dans le sens inverse des aiguilles d’une montre . Celle ci renforce le vent d’est, notamment au nord de Carthagene.
Il faut donc arrondir 150 milles nautiques au nord de la côte . Ça rallonge la route mais on peut espérer n’avoir pas plus de 25 nd de vent .
Le samedi 16/2, après les vérifications d’usage nous quittons le mouillage de st Anne vers 11 h et nous éloignons de la Martinique à une bonne allure .
Pendant quelques jours nous ferons plus de 8 nd de moyenne, avec une journée à 245 milles nautiques , quelques pointes à 15 noeuds .
Le temps est magnifique, la mer est belle . Nous enchaînons les quarts, sans fatigue à trois .
Les derniers jours le vent va forcir et la mer se durcir un peu . Nous aurons plus de trente noeuds de vent pendant plusieurs jours . Sous foc seul nous ferons même une pointe à 18 noeuds . Un peu flippant , car la mer s’est creusée et devient blanche . Les creux n’excèdent pas 3,5 m mais la houle est assez courte et quelques déferlantes viennent assaillir les jupes de notre catamaran . Toutefois le bateau se comporte bien . On pense avec respect à ceux qui pendant la route du rhum on subi des vents supérieurs à 50 noeuds et des creux de 6 m, notamment Jean pierre notre skipper outremer sur un bateau similaire au nôtre, affûté pour la course . C’est rassurant de savoir que le bateau peut tenir dans de telles conditions .
Chacun selon son quart peut admirer un coucher de soleil fabuleux, un lever de lune rousse à l’horizon derrière notre sillage . Et au petit matin mon étoile préférée Venus , à l’Est , qui m’annonce le lever du soleil . Nous garderons le souvenir de cette bande de dauphins qui a croisé notre route une fin d’après midi. Si nous n’avions pas été deux à les voir avec Florence, j’aurais pu croire avoir rêvé . Ils avaient l’air de s’amuser et bondissaient hors de l’eau, insensibles à l’agitation de la surface de la mer.
Nous contournons progressivement cette dépression au nord de la Colombie et le vent commence à mollir à 24 h de l’arrivée . Le jeu consiste à arriver de jour au Port de Colon où se concentrent tous les bateaux qui attendent pour passer le canal de Panama . De toutes façon nous avions renoncé à arriver vendredi soir . Et le vent mollit tellement que nous arriverons en fin de matinée le samedi après nous être frayé un passage entre les tankers et les porte containers qui entrent et sortent du canal .
nous arrivons à la marina de schelter Bay, et dans l’après midi nous irons, guidés par notre ami Guy découvrir la forêt. Quel contraste , après une semaine de mer,que de voir cette jungle magnifique avec ses arbres immenses, le cri des perroquets et des singes hurleurs . Nous verrons des agoutis et des coatis.
Les jours suivants nous irons à pieds jusqu’au fleuve chagres et au Fort San Lorenzo . Il nous faut également préparer le passage du canal, en nous préservant auparavant quelques jours pour aller visiter les îles San Blas....