La certitude d’une île
A 80 milles nautiques environ au nord est de puerto colon , entrée du canal de Panama côté Caraïbes , se trouve la pointe San Blas. A partir de là en continuant vers l’est s’étend l’archipel du même nom : chapelet d’îles toutes protégées par un récif corallien. Sous le vent de ces îles on se trouve protégé de la houle et la navigation est tranquille. Les cartes deviennent imprécises et le territoire parsemé de cayes ou patates, et l’on navigue à vue, avec le soleil dans le dos de préférence, comme dans les westerns. On finit toujours par mouiller l’ancre dans une eau cristalline sur un fond de sable blanc à quelques mètres d’une plage de rêve bordée de cocotiers . A notre arrivée, nous devons nous procurer une autorisation de naviguer, que nous croyons pouvoir obtenir sur l’île de Porvenir où il y a un aérodrome et un poste militaire . Dans un premier temps les militaires très gentils nous expliquent que ce permit cruising est très important et que sans lui nous pourrions être fortement pénalisé en cas de contrôle de police . Le problème c’ est qu’on ne peut pas l’obtenir sur cette île. Nous avons été mal renseigné. Ça dure environ un quart d’heure pendant lequel je commence à me dire qu’il va falloir retourner d’où nous venons pour obtenir ce fameux papier. Quand mon ami Guy a le génie de demander en aparté au plus jeune des militaires si il y a souvent des contrôles de police. Et là il prend d’abord un air un peu gêné puis avec un grand sourire nous fait comprendre qu’en réalité il n’y a jamais de contrôle et que nous pouvons rester aux San Blas aussi longtemps que nous le souhaitons . Vraiment quel beau Pays . sans parler des Kunas mais c’est une autre histoire ...
Le bon Kuna et le mauvais Kuna .
Les kunas c’est comme les chasseurs il y a les bons Kunas et le mauvais Kuna.
Le mauvais Kuna, c’est celui qui, à peine as tu débarqué avec ton annexe sur son île, te réclame trois dollars par personne et t’oblige à revenir à ton bord parce que tu a perdu l’habitude de te balader avec des dollars plein les poches de ton maillot de bain. Tous les autres sont des bons Kunas qui t’accueillent les bras ouverts , te laissent t’installer sur leur ponton pour prendre un ti punch en regardant le coucher de soleil, t’offrent spontanément des citrons verts ( parfaits pour le ti punch ). Les femmes ont de l’or dans les mains et cousent des mollas , avec des motifs très colorés inspirés de la faune et de la flore de leur pays que l’on retrouve sur les magnifiques chemises que l’on peut admirer sur les photos . L’une d’elles fabrique pour Florence un bracelet que les femmes Kunas portent à la cheville lorsqu’elles se marient, certainement en signe de soumission à leur mari ...on peut toujours rêver . Un autre confectionne avec de longue tiges végétales tressées un petit écriteau où il a écrit le nom de notre bateau Eimata , il nous l’offrira le lendemain et nous le placerons symboliquement à l’entrée du carré. Guy part avec eux le lendemain à la pêche à la limite du récif 3 heures de plongée en apnée (record battu) . ils reviennent la pirogue pleine de lambis, de petites langoustes et de poissons . Pendant ce temps là un autre Kuna plus âgé vient à bord avec un régime de banane et m’explique qu’à 68 ans il a du mal à faire l’aller retour de son île au continent pour aller chercher du riz ou du café il voudrait bien trouver un petit moteur , que malheureusement je ne peux pas lui fournir . En revanche nous lui donnons du riz du café . Il ne refuse pas une petite bière . Ces Kunas restent fidèles à leurs traditions . Ils vivent dans des maisons construites en bois et feuilles de palmiers, ils dorment dans des hamacs, cuisinent au feux de bois , recueillent l’eau de pluie lorsqu’il pleut . Ils mangent des fruits et le produit de leur pêche . Il n’ont pas toujours de l’électricité. Ils ont apprécié que nous puissions leur donner un petit panneau solaire avec une lampe électrique rechargeable . Même le mauvais Kuna était juste maladroit, il avait simplement besoin d’un peu d’essence pour son moteur, et ça nous aurions pu lui en donner volontiers . L’exemple et la gentillesse de ce peuple hors du temps resteront longtemps gravés dans nos souvenirs ...
Les îles ont une allure polynésienne, il y fait chaud . Nous nous baignons avec bonheur dans l’eau transparente et nous nous amusons à pêcher dans les passes et faire du snorkeling dans le lagon.
Nous sommes bien ici mais il nous faut partir pour notre passage du canal confirmé pour le 8 mars