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Eimata Va'a
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Ami , veux tu que je te dise...

Ami , veux tu que je te dise...

Ami blogueur,

 

toi qui nous fais l’amitié de suivre nos petites aventures, tu t’étonnes sans doute qu’à peine arrivés aux Marquises notre destination phare, nous ayons filé directement vers Tahiti en passant à travers les Tuamotu sans même les voir.

C’est que vois tu,  à quelques jours de l’arrivée nous apprenons que maman est hospitalisée avec un diagnostic de leucémie aiguë du sujet âgé. Avec mon habituel optimisme je me dis que même aigu, ce truc là ne peux pas évoluer bien vite: à 90 ans tout est lent .

 

Au fil des jours en même temps que nous approchons, les messages des frères et des enfants nous font comprendre que l’évolution est rapide.

Et pourtant ! qu’elle est belle cette arrivée sur Hiva Oa.

Nous attendons que le jour se lève pour entrer dans la baie Taaona ou baie des traitres . Au lever de soleil un grain assombrit à peine ce paysage grandiose et dans une éclaircie un arc en ciel majestueux semble saluer notre arrivée .

Non gémir n’est pas de mise:  tu pleures juste parce que c’est  beau. 


      

Ami , veux tu que je te dise...
Ami , veux tu que je te dise...
Ami , veux tu que je te dise...

Nous allons mouiller l’ancre dans la baie Tahauku la plus proche du village d’ Atuona que nous rejoignons par une petite route pour  nous dégourdir les jambes . C’est le WE de Pâques tout est fermé. Dans l’après midi nous montons au cimetière où reposent  Jacques Brel et  Paul Gauguin .

La vue est superbe, on domine la mer à l’horizon et côté montagne le sommet qui  culmine à mille mètres d’altitude est couvert de nuages . Le ciel et la terre s’unissent, dans une lumière indéfinissable. L’endroit rendrait mystique l’athée le plus convaincu.

 

On comprend que nos deux artistes aient souhaité vivre ici mais rien ne s’oppose plus que ces deux sépultures . La tombe de Jacques Brel est fleurie, simple et marquée du souvenir de ceux qui l’aimaient ou qui aimait son œuvre. L’homme n’était pas resté l’enfant de chœur de ses  premières années, mais ici à Atuona, alors qu’il se savait malade il rend mille services aux marquisiens avec son avion nommé JoJo  et particulièrement aux sœurs de l’école saint Anne d’Atuona .

À quelques mètres de là, la tombe de Gauguin est austère .

Après sa mort elle fut abandonnée pendant de nombreuses années comme si les Marquisiens n’avaient  apprécié ni la maison du jouir ni les mœurs de l’artiste  . Elle fut restaurée à plusieurs reprises en pierre de tuf rouge et surmontée d’une reproduction en bronze de la statue en grès créée par Gauguin en 1894 et nommée Oviri la sauvage, déesse du deuil dans la mythologie polynésienne . C’est à la fois épuré, beau, et d’une sinistre froideur .

 

Nous poursuivons la route qui serpente encore sur quelque centaines de mètres pour atteindre le terre plein  qui domine la baie où se dresse une immense croix blanche .

Selon tes états d’âmes tu peux y voir le désir de domination de la religion imposée par le colonisateur ou les bras ouverts du Christ sur les souffrances du monde. Nous aurons la réponse dans la soirée  en tout cas celle des Marquisiens . 

Ami , veux tu que je te dise...
Ami , veux tu que je te dise...
Ami , veux tu que je te dise...
Ami , veux tu que je te dise...
Ami , veux tu que je te dise...
Ami , veux tu que je te dise...
Ami , veux tu que je te dise...
Ami , veux tu que je te dise...
Ami , veux tu que je te dise...

Nous redescendons vers le village d’Atuona attirés par des chants à la fois gais et mélancoliques comme le sont les chants polynésiens. Il fait nuit tôt sous les tropiques.

La veillée Pascale commence . Tous les habitants du village affluent, impeccablement habillés. Les femmes ont des robes  superbes blanches ou colorées, elles portent avec élégance une couronne de fleurs . Les plus jeunes ont souvent un bébé endormis dans leurs bras .

On allume un feu de bois préparé sur la place de l’église. Les enfants sont assis autour du foyer sous un ciel étoilé .  Les chants  alternent avec les lectures .

On vient allumer le  cierge Pascal  dont on se transmet la flamme avec précaution et, précédée du prêtre et des diacres l’assemblée entre  en procession  dans l’église .

Les jeunes enfants seront baptisés , les chants se poursuivront tard dans la nuit . Nous devons rejoindre notre bateau l’âme déjà heureuse de l’espérance du matin de Pâques .

 

 

Ami , veux tu que je te dise...
Ami , veux tu que je te dise...
Ami , veux tu que je te dise...
Ami , veux tu que je te dise...
Ami , veux tu que je te dise...

Il nous faut quelques jours pour atteindre Tahiti . Nous sommes émus par l’accueil de la famille de Florence. Pascal, le cousin nous guide dans la passe Taapuna et nous indique le mouillage le plus proche de la maison familiale . En attendant une place dans la marina nous profitons  du lagon, de la famille et du ti punch .

En 48 h grâce à Pascal tout est  réglé , les travaux d’entretien du bateau programmés et nous prenons le premier avion. 

Nous apprenons le décès de maman à l’escale de Los Angeles.

Les chants d’Atuona résonnent encore au fond de nos cœurs .

Mort ,où est ta victoire ?

Nous reviendrons aux Marquises . Contre le vent peut être, mais nous reviendrons.

Ami , veux tu que je te dise...
Ami , veux tu que je te dise...
Ami , veux tu que je te dise...
Ami , veux tu que je te dise...
Ami , veux tu que je te dise...
Ami , veux tu que je te dise...