NUKU HIVA
26 milles nautiques ..... séparent Ua Pou de Nuku Hiva.
Par vent d’est c’est une route au travers d’environ 3 ou 4 heures . Nous avons à bord Teiva, Hina et leur famille, car il vont rejoindre des cousins pour le 31 décembre. Après que tout ce petit monde soit bien installé nous levons l’ancre, cap sur la baie de Taiohae. En fait le vent est au nord est et nous sommes quasiment au près. Nous atteindrons Nuku Hiva sur un seul bord, trois heures et demi plus tard sur une mer un peu croisée, chacun gérant comme il peut un léger mal de mer, le plus souvent par une bonne sieste . A l’arrivée l’appétit revient vite. Le temps de déjeuner et tout le monde débarque pour rejoindre la famille, non sans nous avoir laisser des fruits et du miel, en abondance comme pour prolonger le souvenir de ces bons moments passés ensemble. Nous nous retrouverons quelques jours plus tard pour un dîner marquisien.
La baie de Taiohae est située sur la côte sud de Nuku Hiva, elle est profonde d’1,5 mille nautique et bien protégée des vents dominants. C’est probablement le meilleur abri des Marquises et comme tous les navigateurs le savent, il y a une soixantaine de bateaux mouillés en permanence, attendant que passe la saison des cyclones pour reprendre leur route vers l’ouest.
Heureusement, sur une largeur de 0,5 milles chacun trouve sa place dans cet endroit impressionnant: les reliefs volcaniques qui entourent la baie culminent à 800 m et sont couverts d’une abondante végétation .
Taiohae est la capitale administrative des Marquises. La vie s’organise tout au long de la baie bordée d’une petite route. L’ensemble dégage un sentiment de calme et de sérénité, notamment le soir après 18 h le silence est impressionnant.
Comme le tahitien, le marquisien se couche tôt et se lève très tôt . Pour acheter du pain, du poisson, ou des légumes au marché mieux vaut s’y prendre avant 7h, avant que la chaleur ne devienne un obstacle à tout effort .
baie de Taiohae
Nous avons décidé de découvrir l’île avec une voiture de location que l’on trouve.... à la pizzeria .
Pour commencer il faut franchir un premier col au contrefort du sommet Muake à 860 m d’altitude la montée offre quelques points de vue spectaculaires sur la baie de Taiohae, et sur la cocoteraie qui la surplombe. Passé le col, la route bifurque soit vers l’aéroport, soit vers Taipivai, le village situé au fond de la baie du contrôleur que nous devinons déjà au delà d’une forêt de flamboyants et de calfatas. Nous croisons des chevaux, des chèvres en liberté .
C’est à Taipivaï que Melville déserta du baleinier Acushnet et vécu six mois dans cette tribu de féroces guerriers. Nous reviendrons ici avec le bateau pour nous apercevoir que les habitants de Taipivaï n’ont plus rien de féroce. Ils sont même très accueillants.
Le mouillage de Taipivai au fond de la baie du contrôleur nous deviendra familier et nous permettra de découvrir de belles ballades vers la baie voisine de Hooumi et sa vallée d’un autre temps, dont les habitants pêcheurs, chasseurs sont aussi sculpteurs sur bois ou sur pierre.
TAIPIVAI
Nous poursuivons pour atteindre la vallée suivante jusqu’à la baie d’Hatiheu au nord de l’île par une route escarpée,qui nous conduit au site archéologique de Kanuihei . Le site naturel est en lui même envoûtant avec cette forêt luxuriante et un immense banian, arbre sacré en Polynésie . D’anciennes constructions en énormes pierres volcaniques vestiges de maisons d’habitation et de maraés lieux de cultes et de sacrifices, rappellent l’ancienne présence humaine au fond de cette vallée .
KANUIEI
Nous rejoignons la baie d’Hatiheu où un petit village semble endormi, deux petites boutiques d’un autre temps. Une assez belle église, et la mairie bien située sur le front de mer. Du haut du village un chemin donné accès à la baie voisine d’ Anaho, que nous découvrirons dans quelques jours avec le bateau .
Nous poursuivons la route qui longe la côte nord de l’île vers l’ouest.
Après quelques lacets sur cette route côtière, nous dominons la pointe de Matatekauhau qui sépare la baie hauaume de la baie D’hatiheu.
Les noms sont imprononçables autant que les paysages sont indescriptibles. Nous sommes subjugués par la majesté du lieu.
Tout est beau et sauvage tant la présence humaine est discrète. Nous déjeunons là au bord de la route comme des touristes que nous sommes, mais qu’importe, personne ne viendra troubler notre tranquillité. Nous sommes émus que tant de beauté nous appartienne.
Nous reprenons la route qui nous mène à Aakapa, un petit village au bout du monde, où les enfants jouent sur la plage en toute liberté comme les chevaux, les vaches et les cochons . Au delà la route se poursuit par un chemin caillouteux qui nous oblige à mettre les 4 roues motrices. La carte généreusement fournie par la pizzeria est assez succincte et nous nous attendons à retrouver la route de l’aéroport après la prochaine baie . En réalité cette cote nord de l’île est très découpée, et surmontée de reliefs qui culminent à plus de 1200m d’altitude. Le paysage est stupéfiant mais la route qui contourne chaque fond de vallée nous paraît interminable. Cela nous permet quand même de comprendre l’organisation de la vie aux Marquises assez proche de ce qu’elle était autrefois. Chaque baie définit une vallée avec le plus souvent une vaste cocoteraie qui s’étend depuis la plage jusqu’au fond. La culture du coprah reste ici une ressource importante. Quelques maisons abritent les occupants du lieu avec autour une profusion de bananiers, manguiers, pamplemoussiers, entre lesquels les animaux en semi liberté donnent une impression de paradis terrestre tant la nature ici semble généreuse . Il n’est pas certain que nous soyons capables de vivre dans ce paradis là. Les Marquisiens rient encore de l’histoire du journaliste Georges de Caunes qui prétendit vivre à la Robinson non loin d’ici sur une île pendant un an et qui perdit près de trente kilos en quelques semaines avant de demander à être ramené à la civilisation. Il faut savoir tuer un cochon sauvage, et le faire cuire et surtout supporter l’isolement.
Nous finissons par rejoindre la route de l’aéroport qui doit nous ramener à Taiohae et le spectacle continu. Il faut franchir le relief du mont Tekho à 1200m d’altitude et la route serpente à travers une forêt de pins plantée là par un original qui pensait probablement faire du bois de chauffage. Le résultat est pourtant assez beau. il faut bien observer la prolifération des fougères arborescentes pour se persuader de ne pas être dans les alpes. Arrivés au sommet, la vue plongeante vers le bleu du pacifique sous les nuages accrochés par la montagne a quelque chose d’insolite, et de vertigineux.
La baie d’anaho s’inscrit naturellement dans notre top ten des mouillages de rêve .
L’endroit est saisissant de beauté.
Une petite famille espagnole qui passait par là en bateau il y a quelques années est restée, sans plus pouvoir partir.
La petite chapelle qui donne sur la plage a été restaurée récemment par l’équipage d’Exultet.
Par une promenade un peu raide mais spectaculaire on peut rejoindre la baie voisine d’hatiheu.
Suivant un chemin plus doux on peut découvrir la baie d’haatuatua où Moana et son épouse Marie cultivent courageusement pamplemousses, bananes , tomates et légumes sans compter la production de coprah.
Le site donne sur une baie exposée à l’Est, battue par les vents, la plage est superbe mais les rouleaux incessants en interdisent l’accès en bateau.
Toute la production doit rejoindre la baie d’anaho, puis la baie d’Hatiheu à dos de cheval, pour être ensuite vendue sur le marché de Taiohae ou acheminée à Tahiti par les bateaux inter îles.
Aucune machine agricole n’accède à cet endroit.
Moana et Marie nous expliquent que c’est un choix personnel. Ils ont l’air heureux.
Respect .
baie de Anaho en allant chez Moana et Marie
TOVII
Nous redescendons vers le plateau de Tovii. C’est une autre image du paradis terrestre. De part et d’autre de la route s’étendent des plaines verdoyantes jusqu’au pied des reliefs montagneux. Des chevaux et des vaches y paissent en toute liberté.Le nombre de petits veaux et de poulains atteste que la vie est plus douce ici pour les animaux que dans nos étables industrielles. La route contourne le sommet Muake d’où un belvédère donne sur la baie de Taiohae une vue dominante et vertigineuse. Nous rejoignons notre bateau, bien décidés à redécouvrir ces endroits magiques par la mer.
AKAHUI
Notre coup de cœur est sans aucun doute le mouillage d’Hakatea. Sur la côte sud de Nuku Hiva un peu à l’ouest de Taiohae. On mouille dans une première baie naturellement protégée qui donne sur une plage de sable blanc, avec à droite une maison abandonnée. De là on accède en annexe à la baie voisine et au village d’akahui pratiquement abandonné. C’est une plage de sable noir. la houle est sensible sauf à droite où l’embouchure de la rivière donne une zone plus calme permettant de mouiller l’annexe et débarquer . Nous traversons le village par une grande allée centrale pavée de pierres volcaniques et bordée de haies fleuries ou d’arbres croulants sous le poids des pamplemousses ou des mangues. Les jardins sembles entretenus, les maisons habitées mais nous ne verront pas âme qui vive . Seulement des chevaux en liberté . Sur le chemin nous remarquons d’anciens maraés . Sur l’un d’eux a été édifiée une petite chapelle .
Il faut un peu plus d’une heure pour atteindre la cascade au fond de la vallée. Le soir tombe vite car à l’ouest cette baie est fermée par le relief montagneux à environ 400 m d’altitude avec un à pic de roches volcaniques sur lequel on remarque un ou deux arbres qui par miracle ont pu s’implanter là et y survivre . Tout est calme et serein, la houle ne pénètre pas dans cette partie de la baie, le ciel est limpide, le silence total même l’alizé s’apaise . C’est pour ces instants là que nous sommes partis.
Hakahui