Ua Huka est une petite île longue de 7 milles d’est en ouest sur 4 milles de large elle est située à 25 milles environ à l’est de Nuku Hiva.
C’est une distance raisonnable que l’on pourrait parcourir dans la journée même au près.
Mais nous sommes tentés par une nuit en mer et une arrivée au petit matin.
Nous quittons la baie Taiohae au coucher du soleil cap au sud-est en laissant Ua Pou sous le vent.
Nous sommes volontairement sous toilés pour ne pas arriver avant le lever du jour. La nuit est superbe, sans lune, la Voie lactée s’étend du nord au sud. Cela nous rappelle les nuits de traversée du pacifique.
Vers une heure du matin, nous virons de bord . Cap sur Ua Huka où nous arriverons à 7h, après un lever de soleil somptueux sur cette île volcanique où la roche est naturellement rouge .
Nous cherchons la baie invisible. Effectivement du large elle est difficile à repérer. C’est une anfractuosité étroite et courbe dans cette falaise rocheuse. Le Gps nous dispense des hésitations voire des angoisses des marins d’autrefois. Nous mouillons l’ancre au milieu de la baie juste avant les bateaux de pêcheurs .
La houle pourtant faible ces jours ci vient briser sur la falaise.
Nous mouillons une ancre arrière pour rester bien face à la vague et pour limiter notre rayon d’évitage tant la baie est étroite . Nous débarquons en zodiac sur un petit quai aménagé pour les pêcheurs et pour l’avitaillement du village de Vaipae .
C’est la capitale de l’île où résident environ 600 habitants répartis sur les trois villages de la côte sud. Nous nous promenons dans le village, une petite boutique nous permet de faire quelques courses et surtout de discuter avec les marquisiens toujours accueillants et un peu intrigués de nous voir arriver en bateau.
Le lendemain nous quittons Vaipae pour la baie d’Hane toute proche. Elle est plus ouverte sans débarcadère.
A marée haute les pêcheurs, mettent leur bateau à l’eau et franchissent le récif à l’ouest de la baie. Plus à l’Est c’est une plage de sable mais sans récif la vague vient déferler et rend le débarquement sportif . Notre annexe est un peu lourde pour la remonter sur la plage. Nous choisissons de mouiller le zodiac avec le grappin avant que la vague ne déferle et de nager jusqu’au bord . Opération réussie, la baignade est offerte !
L’ambiance dans cette baie est typiquement marquisienne. Sur la grève quelques bateaux de pêche sont remontés sur des billots de bois. Les départs et les retours sont spectaculaires mais on sent une certaine maîtrise. De même lorsque les jeunes viennent le soir pour une sortie avec le Grand Vàa, la technique pour la mise à l’eau, la coordination pour que chacun monte à bord en bon ordre malgré l’instabilité de la pirogue, et le départ face à la vague, tout ça est parfaitement rodé et se déroule dans une bonne humeur manifeste.
Vers 17h lorsque le soleil disparaît derrière les reliefs la chaleur s’atténue et c’est l’heure du foot. Le terrain est situé sur un terre plein au bord de la plage. Avant de jouer, il faut pousser un peu les chevaux qui sont chargés d’entretenir la pelouse. C’est l’heure où nous allons visiter le village. Un petit musée abrite d’anciennes pirogues .
Nous croisons des enfants qui jouent gaiement dans la rue et nous posent plein de questions: D’où venons nous ? Où allons nous ? Ils veulent savoir où nous habitons curieux d’un monde dont on leur a parlé et dont ils rêvent sans trop savoir pourquoi.
Ils nous montrent leur école.
De part et d’autre de la rue qui longe la rivière, les maisons sont bien entretenues, les jardins impeccables.
Le marquisien prend soin de son jardin, c’est un peu son garde manger.
Chacun nous salue gentiment depuis sa terrasse, d’un signe ou d’un « ka hoa « qui veut dire bonjour mais que je n’arrive pas à prononcer .
Nous cherchons le chemin qui mène à un site archéologique mais il est tard il faut rentrer au bateau avant la nuit.
Nous aimons cet endroit qui respire la sérénité et la douceur de vivre.
Le lendemain, nous décidons de prendre à pied la route côtière qui mène au village d’Hokatu à 3 km environ. En chemin les voitures qui passent s’arrêtent pour nous proposer de nous emmener. Nous déclenchons à chaque fois un sourire amusé lorsque nous expliquons que nous préférons marcher.
Arrivés au village nous retrouvons cette ambiance calme et sereine, cette gentillesse des marquisiens toujours contents de discuter avec des étrangers. Nous nous arrêtons acheter un peu à boire et à manger car nous avons décidé de revenir par un chemin qui emprunte le fond de la vallée et conduit à la baie d’Hane par un col qu’utilisaient autrefois les marquisiens avant que la route côtière ne soit construite. Le dénivelé ne doit pas excéder 300m mais le chemin reste à trouver. Nous suivons la route qui monte en haut du village, et là nous rencontrons une dame charmante qui interrompt son jardinage pour nous indiquer le chemin. Son projet est de développer sur son terrain la culture des légumes et des herbes aromatiques pour la consommation locale.
La ballade est superbe et heureusement pour nous, assez ombragée. Le chemin est bordé de cocotiers, de manguiers sauvages, d’acacias, de palmiers , de basilic sauvage, et de tiaré. Plus nous montons, plus le chemin se perd dans la végétation. Mêmes les traces d’animaux deviennent plus rares.
Arrivés au col nous contemplons avec émerveillement la vue sur l’îlot Motuhane un pain de sucre de 163 m. Le chemin redescend vers la baie d’Hane et nous retrouvons un peu par hasard le site archéologique que nous cherchions la veille.
Les maraes et les tikis sont toujours situés au fond des vallées et en hauteur . Nous discutons avec toute une équipe chargée d’entretenir les lieux. Ils sont étonnés de la marche que nous venons de faire et heureux de nous donner quelques explications sur leur culture et leurs traditions. Nous redescendons à notre bateau.
La baignade forcée est bienvenue . Nous décidons de partir le jour même pour Fatu Hiva . Nous saluons avec un peu de nostalgie le coucher de soleil sur Ua Huka que nous voyons s’éloigner doucement .